LES METIERS D'AUTREFOIS

ou comment travaillaient nos aïeux

Les travaux des champs

LA MOISSON :

Les principales céréales cultivées autrefois dans notre région étaient l'avoine, le blé, le seigle et le sarrasin. Jusqu'à la fin des années 40, ces céréales (sauf le sarrasin) étaient semées en automne car les variétés de chez nous supportaient très bien les froids de l'hiver. L'avoine était à grains noirs (Kerc'h Du), le blé était à bardes (Gouiniz Barvou), le seigle (Seigal) n'avait que deux rangs de grains.

L'entraide étant de coutume, les cultivateurs s'échangeaient fréquemment leurs meilleures semences ; c'est grâce à cette façon de faire que les variétés locales avaient pu être conservées longtemps.

C'est à cause d'un manque de semences qu'à la fin des années 40 la coopérative de LANDERNEAU avait fourni des semences de provenance étrangère (le seigle venait de Hollande et chaque épi comptait 6 rangs de grains au lieu de 2) ; à partir de cette époque, les paysans ont pratiquement tous acheté leurs nouvelles semences.

La moisson commençait les premiers jours d'août. Pour la coupe, la faucille a été l'outil le plus longtemps utilisé, le travail était minutieux et aucun épi ne devait être perdu. A cette époque les hommes et les femmes se partageaient les travaux. La faux fit son apparition avant la seconde guerre mondiale, sur son manche était monté une sorte de râteau qui permettait de bien ramasser tous ce qui se trouvait sur le champ.

La moisson coupée était d'abord mise en javelles, ensuite une fois sec (parfois après plusieurs jours, suivant le temps) les paysans confectionnaient des gerbes qui se rangeaient en petits tas.

Le tout bien sec le ramassage se faisait et le stockage en grandes meules circulaires se faisait sur l'aire à battre (Ar L'Heur).

Vint ensuite l'heure du battage qui mobilisait entre 15 et 20 personnes autour de la batteuse ; le travail se décomposait comme suit :

2 à 3 hommes pour défaire les meules et poser les gerbes sur la table de la batteuse,
1 coupeur de lien,
2 hommes à tour de rôle pour ouvrir les gerbes,
2 hommes à tour de rôle pour introduire les gerbes dans le batteur de l'engin,
Plusieurs hommes ou adolescents pour porter les sacs de grain dans le grenier,
2 hommes pour enlever la balle de dessous la batteuse,
2 hommes pour préparer la paille
 
Plusieurs porteurs de paille
2 hommes à confectionner les meules de paille.
Le tout se terminait autour d'un bon repas après une rude journée de labeur.

Depuis cette époque révolue, les moissonneuses-batteuses ont remplacé l'homme, une majorité des jeunes est partie et le nombre de fermes n'a jamais cessé de décroître.

LES LABOURS :

Ils y a quelques dizaines d'années, afin de préparer les terres pour y effectuer leurs semis et semailles, les paysans n'avaient pour travailler que leurs bras et l'aide du cheval.

Le labourage se faisait à l'aide d'une charrue à un soc (le brabant) que tirait un ou plus souvent deux chevaux. En principe chaque ferme possédait son propre matériel et ce travail, contrairement à la moisson par exemple se faisait sans aide des voisins ; seuls les membres d'une famille ou parfois le plus proche voisin s'entraidaient.

La charrue brabant va grandement faciliter les opérations de défrichage à partir de la fin du XIXè siècle

 

 

 

 

LA RECOLTE DE LA LANDE :

Dans toute la Bretagne et principalement dans notre canton l'exploitation des landes fut essentielle pour la petite paysannerie. La lande fournissait l'ajonc qui nourrissait les chevaux pendant l'hiver car les réserves de fourrage n'étaient pas énormes. Le paysan utilisait le hache-lande (photo de droite) pour broyer l'ajonc.

 

 

 

 

LA RECOLTE DE LA TOURBE :

L'extraction de la tourbe dans notre canton se faisait principalement à Botmeur à proximité du lac Saint Michel. La tourbe, qui n'est autre qu'une formation végétale naturelle constituée de plantes hydrophiles (spécifiques au milieu aquatique) où dominent des mousses dont la croissance entraîne une accumulation importante de matière organique, peut contenir jusqu'à 50% de carbone. Elle était utilisée et exploitée essentiellement comme combustible par les populations locales.

Pour l'extraction, on utilisait le louchet, sorte de pelle tranchante sur trois côtés. On extrayait les mottes en creusant des fosses rectangulaires (en longueur) de 80 cm à 1,50 m de large. Ces fosses étaient reprises et poursuivies l'année suivante.

La preuve la plus ancienne de cette activité est la mention dans un inventaire après décès d'une pelle de fer à tirer les mottes (le louchet) qui a été adjugée six sols à Hervé Le Pichon, le 29 décembre 1709, lors de la vente des biens de Valentin Pichon, décédé en 1707 au village de Rochangaizec (Roc'h ar Hézec), territoire de Botmeur, paroisse de Berrien, en plein coeur du Yeun Elez.

 

 

L'élevage
 
Fin du XIXè siècle et début du XXè siècle, il n'existait pas une ferme sans au moins une vache ou un cochon. L'élevage de ces bêtes permettait à la famille de pourvoir à la plupart de ses besoins alimentaires. La vache fournissait le lait ce qui permettait la fabrique de tous les produits laitiers qui en dérivent ; le porc et la vache fournissaient la viande, voire même, de part leur vente, les produits vestimentaires et produits d'usage courant qui ne pouvaient pas provenir de la production familiale, les oeufs provenaient de la basse-cour qui faisait partie intégrante de la ferme.
 
La vente des bestiaux se faisait par l'intermédiaire des marchés organisés dans le chef lieu de canton (Huelgoat) et qui drénaient une foule considérable.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LES CROYANCES : Les agriculteurs fin 18ème et début 19ème considéraient leur bétail comme une seule source de revenus, il leur importaient d'en prendre grand soin ; parfois demandaient-ils l'aide ou la protection au Saint STABAT en déposant des offrandes afin que soit préservés leurs bestiaux des épidémies.
Ici à droite, dans la chapelle de Saint Herbot.

DYNAMISME AGRICOLE ET ALIMENTATION DU BETAIL au XIXè siècle

Le XIXè siècle qui s'est montré particulièrement innovant en agriculture est en grande partie à l'origine de certaines habitudes actuelles. Selon les agronomes contemporains, le bétail est au coeur des innovations qui ont marqué le XIXè siècle. Ainsi J.RIEFFEL, un des agronomes les plus influent dans le grand ouest considère que : "on peut affirmer que l'élève des bestiaux, le perfectionnement des races, celui des produits, sont, pour nos localités, la première, la meilleure, la plus convenable spéculation de notre agriculture bretonne". Cette attention particulière portée à l'animal (et plus spécialement au boeuf et au cheval) est liée au rôle majeur de celui-ci, qui reste l'élément moteur de l'agriculture. Sa vocation n'est pas seulement de produire de la viande et du lait, par exemple, mais c'est aussi le "tracteur" de l'exploitation agricole : il représente la force motrice principale et nécessaire de celle-ci. Un autre rôle joué par l'ensemble du bétail (bovins, ovins, porcins, ...) réside dans ce que l'on pourrait qualifier de "machine à engrais". En effet, l'animal entre dans une spirale vertueuse, qu'un adage populaire illustre bien : Sans engrais, point de bonne culture, sans bestiaux point d'engrais et sans fourrage point de bestiaux en quantité suffisante. L'animal est donc le but et le moyen du dynamisme agricole.

Au delà des croisements d'espèces, le moyen le plus sûr d'améliorer la qualité et la quantité du bétail est encore de se pencher sur son alimentation. Ainsi suivant l'adage populaire, les améliorations des exploitations se portent sur les conditions d'alimentation des animaux : les prairies et les fourrages ; or celles ci sont peu nombreuses dans le Finistère : elles ne représentent que 11% du territoire agricole, contre une moyenne nationale de 17%. Aussi un effort est fait sur la création de prairies artificielles. Ainsi dès 1820, à l'initiative de particuliers, les techniques se développent et se répandent rapidement et de la sorte dès 1840, le Finistère compte 11202 hectares de prairies artificielles et en 1892, plus de 18500 hectares. Ce qui au total, dès 1830, représente entre les prairies naturelles et artificielles plus de 55000 hectares de prairies.

L'artisanat
 
LE FORGERON : Il occupait une place importante au siècle dernier et ce, jusqu'à l'apparition du tracteur et du matériel agricole "moderne". Il avait plusieurs casquettes : il forgeait les outils agricoles, parfois les armes, les ustensiles du foyer et de la cuisine. Il était maréchal ferrant, capable de ferrer mais aussi de soigner les bêtes, il était amené à forger des fers spéciaux pour les chevaux ayant des déformations des sabots. Le forgeron vivait au rithme des saisons : en début d'année (de janvier à mars) il réparait l'outillage pour couper le bois et l'ajonc ; au début du printemps il s'occupait du matériel plus lourd tel les herses, les charrues et les charettes puis en été il s'occupait des faucheuses, des lieuses pour la moisson.
La forge était pour l'homme ce que le lavoir était à la femme, un lieu de rencontre et de discussion.
On attribuait souvent au forgeron le don de guérir surtout de soigner les enfants pris de convultions. Il fut aussi, souvent, le premier dentiste du village ; c'est vrai qu'il possédait toute une panoplie de tenailles.
 
 
 
LE SABOTIER : La région de Huelgoat était peuplée de nombreux sabotiers car il pouvaient se procurerdes coupes de bois qu'ils exploitaient sur place. Le bois le plus fréquemment utilisé était le hêtre, le noyer était utilisé pour les sabots de "luxe". Avant l'élaboration du sabot, il fallait préparer la matière première. Le bois était acheminé sur place par le sabotier et entreposé à proximité de l'atelier, il le débitait ensuite en quartier, ces quartiers eux-mêmes débités selon la longueur de sabot voulue ; le quartier était ensuite dégrossi à l'aide d'une herminette puis on lui donnait sa forme à l'aide du paroir (lame épaisse au bout recourbé fixée sur une pièce de bois). Une fois la forme donnée, on creusait l'intérieur avec une tarrière (sorte de cuiller à bords tranchants) et ensuite on le rendait lisse grâce à la rafinette et au boutoir ; la finition des bords était faite à l'aide du débordoir ensuite on laissait le sabot sécher près du feu. Restait ensuite aux femmes à l'agrémenter de teinture (le plus souvent noir), d'une semelle et d'un talon en caoutchouc.
 
 
 
LES CARRIERES : Dès l'époque romaine, le granit a été employé pour la construction et l'empierrement des routes. Les carriers accomplissaient deux tâches : le mineur détachait les blocs et le fendeur divisait la pierre en simples moellons. La roche était ensuite confiée à un tailleur de pierres. Le matériau servait à fabriquer les habitations, des monuments funéraires et commémoratifs.
Les carrières LOIRAT de HUELGOAT étaient, dans les années 1920, le fournisseur des Ministères des Travaux Publics, de la marine et de la ville de PARIS. Avant la seconde guerre mondiale le bassin granitier d'Huelgoat comptait plus de 200 ouvriers dont 113 tailleurs-appareilleurs. Le granit de la région a beaucoup contribué à la reconstruction de Brest après guerre.
 
 
 
 
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