HUELGOAT :
Ci-dessous quelques costumes du pays
LA FEUILLEE :
Héritage d'une longue tradition, le pardon de la commune coïncide avec la fête de la Saint Jean le 24 juin ; lors de la procession, un petit garçon de la commune, une croix à la main, vêtu d'une peau décorée de fleurs et guidant un petit mouton enrubanné, lui-même orné de fleurs, ainsi que ses parents précèdent le cortège. J'ai moi-même participé à cette tradition ainsi que deux de mes cousins qui se reconnaîtront sûrement.
Cette cérémonie puise son origine dans l'histoire hospitalière de la paroisse puisque ce sont les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui apportèrent le culte de Saint Jean-Baptiste, deuxième patron de leur Ordre, toujours représenté accompagné d'un agneau.
Je ne saurais que vous inciter à prendre contact avec l'association AN FOLLED ou à visiter l'exposition ouverte de juin à septembre de chaque année pour mieux connaître une partie de l'histoire de LA FEUILLEE et de ses habitants.
Célébrée dans la nuit du 23 au 24 juin, cette fête a comme particularité un immense feu que tous les habitants d'un village contribuaient à alimenter avec des fagots, des vieux morceaux de bois ou encore des bûches. De coutume, ce feu est allumé par un Jean ou une Jeanne, à défaut par la personne la plus âgée du village (anciennement par le curé). Cette fête revêtait auparavant un caractère sacré, il fallait adopter une attitude silencieuse, la fumée était protectrice contre les maladies et la cendre faisait abonder les récoltes (elle faisait en fait office d'engrais). Après la première guerre mondiale, le feu sacré a laissé place à un feu de joie autour duquel on chantait et on dansait. La tradition se perpétue toujours dans le bourg et dans un ou deux village comme RUGUELLOU.
Quelques costumes de LA FEUILLEE
BERRIEN :
SCRIGNAC :
Ci-contre une mariée avec le costume du pays alors que le marié était de SCAER et portait donc le costume de sa région d'origine.
LA VIE AU QUOTIDIEN :
Une veillée au coin du feu, les hommes tressent des paniers, les femmes filent la laine.
Les habitations du XIXè siècle et surtout du XXè siècle étaient adaptées aux caractéristiques locales : paysage, ressources, type de production... Les matériaux utilisés pour leur construction se trouvaient toujours à proximité de la future maison ; les murs étaient montés avec des pierres en granit (ils y avait quelques carrières dans notre région), le bois servait aux charpentes, aux linteaux de fenêtres et aux ouvertures (portes et fenêtres), la toiture se composait de chaume de paille et parfois de genêt - l'ardoise ne sera employée que vers le début du XXè siècle - la chaux, exploitée en haute Bretagne, servait à la confection des mortiers, le sol était composé de terre battue
Les signes particuliers de certaines demeures : Dès l'apparition de l'ardoise au début du XXè siècle, certaines maisons arboraient un lignolet découpé avec des motifs animaliers et la date de construction comme on peut le voir sur une toiture à Ruguellou en LA FEUILLEE (photo de gauche).
Au début du XIXè siècle, les maisons ne possédaient qu'une pièce unique et commune à toute la famille . La cohabitation humains-animaux était fréquente en Bretagne (photo de droite) et ce, jusqu'au début du XXè siècle. Les raisons de cette vie en communauté sont les suivantes : Augmentation de la chaleur ambiante, surveillance plus aisée des animaux.
La partie habitation familiale se caractérisait par la présence d'une fenêtre et d'une cheminée. les meubles se disposaient comme suit : la table est accolée à la fenêtre afin d'avoir le maximum de lumière, le lit-clos protège la table des courants d'air et son banc (bank tossel) sert à la fois de rangement, d'accès au lit et à s'asseoir à table. Le mur du fond (sans fenêtre) sert à loger les autres lits-clos et les armoires. De chaque côté de l'âtre des bancs de coin permettaient de s'asseoir lors des veillées ou pour se réchauffer ou encore pour préparer le repas. Dans les murs, des niches permettent le rangement. Une auge en pierre est souvent encastrée dans le mur.
A l'extérieur, on va chercher l'eau au puits qui se trouve dans chaque village et parfois à proximité de la maison.
La maison et la famille sont étroitement liées, cela se traduit par le vocabulaire : ti = maison en breton ; tiegez = famille ; tiegezh = maisonnée, ménage, d'où : ferme ou propriété
Le lavage du linge se faisait dans les nombreux lavoirs que comptaient chaque bourg ou chaque village, les femmes s'y retrouvaient en nombre et c'était un lieu de rencontre très important pour la vie de la société. Toutes les nouvelles du voisinage se racontaient au fil des lavages et des rinçages ; certaines lavandières se plaisaient à lancer de fausses rumeurs qui se propageaient bien évidemment à grande vitesse dans le bourg et aux alentours.
Les moyens de transport n'étaient pas comparables à ceux d'aujourd'hui, la plupart du temps les gens se déplaçaient à pied ou en charrette tractée par un cheval ou même à cheval. Les enfants des villages alentours devaient se rendre au bourg à pied pour assister à l'école. Ce n'était pas toujours drôle quand on s'imagine que la marche s'effectuait avec des sabots de bois et par tous les temps.
Il était d'usage, et ce, à période régulière, de se rendre au marché d'Huelgoat ; celui-ci se déroulait sur la place et faisait déplacer tous les habitants des alentours. On y trouvait tous les produits de consommation courante, les étals y étaient nombreux.
Le marché permettait au gens de la terre de vendre une partie de leur récolte et des produits de la ferme ce qui leur garantissait un pécule supplémentaire et donc des fins de mois plus confortables.
Outre le commerce, le marché était aussi un lieu de rencontre. La charrette permettait le transport les denrées à vendre ou achetées.
Le marché au bétail se déroulait aussi à HUELGOAT, voir la rubrique métiers d'autrefois.
PRATIQUES ALIMENTAIRES A LA CAMPAGNE au début du XXè siècle
Utilisation des couverts : Les noces avaient lieu le mardi jusqu'en 1936, un seul repas était servi, vers 15 heures, après la tournée des "bistrots" du bourg, avec accompagnement de biniou ou d'accordéon. Au menu : pot-au-feu, soupe puis viande "douce" et far noir - tripes - rôti de veau avec du far blanc - gâteau breton - boissons : vin rouge, limonade, café... Avant 1900, chacun apportait sa cuiller en bois (en buis), sculptée et décorée. Entre 1914 et 1925, chaque jeune apportait aussi sa serviette de table, brodée à ses initiales. Avant 1914, au repas de noce, on posait sur la table un plat pour quatre personnes et pas d'assiette. Chacun se servait directement dans le plat, et on mangeait sur des tranches de pain. Le vinaigre dont certains agrémentaient les tripes était présenté dans un bock de bière. (voir MARIAGES)
La cuiller en bois (en buis le plus souvent car ce bois était réputé pour ne pas donner de goût aux aliments) était le couvert principalement utilisé, son importance était telle qu'elle était souvent marquée d'un signe ou d'une inscription patronymique. De plus, quand un domestique en fin de contrat voulait signifier qu'il ne voulait pas rester plus longtemps, il ne raccrochait pas sa cuiller au porte cuiller (photo de droite). Au niveau hygiène, il faut savoir que certains ne lavaient jamais leur cuiller, ils la léchaient dans leur bouche.
La soupe se mangeait dans des bols en terre. Les gens mangeaient souvent dans le même plat ; les assiettes ne sont apparues que plus tard et beaucoup ne savaient pas manger dans ce "nouveau couvert".
La première fourchette en campagne est apparue juste avant la première guerre mondiale et pour la première fois dans les noces de campagne ; les premières fourchettes en fer apparurent dans les maisons après la guerre 14-18.
Le couteau était aussi un couvert très personnel surtout chez les hommes. Le chef de famille signalait le début et la fin du repas en ouvrant ou en fermant son couteau qu'il rangeait ensuite dans sa poche de pantalon. Ce couteau qui lui servait donc à table était aussi utilisé tout au long de la journée pour les petites utilisations courantes (couper un bâton, taillé un objet, ...).
La pomme de terre : c'était une denrée rare dans quelques coins de campagne il y a un siècle à peine. Elle était cependant régulièrement servie ; au repas du soir (koan) on les cuisinait souvent avec un oignon le tout jeté dans du sain-doux fumé roussi, couvert d'eau, cuisson prolongée jusqu'à ce que toute l'eau soit bien évaporée pour que le fond soit bien gratiné (kreienet). Certain en faisait le plat rituel, patatez disec'h - pommes de terre avec un morceau de lard qui les imprégnait
On la mangeait même le matin en soupe ; le midi, en général, on les accompagnait d'un morceau de lard et de lait.
La viande : c'était le plus souvent du lard. Le cochon, tué à la ferme, fournissait : lard, pâté, andouilles, saucissons, saucisses, sain-doux...souvent on ne tuait qu'un cochon dans l'année. On servait en général du veau ou du boeuf seulement aux repas de noce.
La boisson : Dans les fermes il y avait la plupart du temps un puits, les habitant buvaient donc de l'eau du puits en règle générale ; on consommait du gros lait, du lait "ribot" qui, au mois de mai est considéré comme un remède à tous les maux. On ne buvait le vin que peu après 1914 : auparavant celui qui en buvait risquait d'avoir des poux. Le café n'est servi au début du siècle que si la couturière ou la repasseuse de coiffes sont dans la maison. On sert l'alcool que quand vient quelqu'un à la maison. Le vin était servi aux hommes lors des gros travaux de la ferme, quand on sort le fumier de l'étable par exemple.
Le pain : Au XIXè siècle et encore au début du XXè siècle le pain revêtait une très forte valeur, il était le symbole du travail des hommes. Il ne devait jamais être posé à l'envers sur la table car on ne le gagne pas sur le dos : Ne vez ket gounevet war ar c'hein. Un four se trouvaiten général dans chaque village ; il était commun.
La conservation des aliments : Le lard, découpé en quartiers, est bien enduit de gros sel gris, et déposé en couches abondamment saupoudrées de sel dans le saloir (ou charnier), avant d'être suspendu dans la cheminée pour être fumé. Andouilles, saucissons et saucisses sont également fumés. Le beurre est salé au sel fin. Entre l'assomption (15 août) et la nativité (8 septembre), les oeufs sont placés sous la paille ou dans le grain afin d'être conservés pour l'hiver.
Les cadeaux alimentaires : Quelque soit l'occasion, on n'offrait jamais d'argent ; à l'occasion d'une naissance, on offrait en général une boite de sucre, des gâteaux, du café.
Quand on tuait le cochon, on en donnait un morceau aux voisins et amis.
LES JEUX TRADITIONNELS EN BRETAGNE
La Bretagne, comme chaque région de France, a donné naissance à de multiples jeux qui ont, pour la plupart, aujourd'hui disparu ; les seules occasions de pouvoir encore les voir sont les pardons, les kermesses les fêtes traditionnelles.
LE BOULTENN : le jeu consistait a chasser trois boules posées sur un billau de bois creusé de trois trous ; chaque boule valait un nombre de points différent. Il suffisait avec trois boules, à une distance d'environ 10 mètres, de faire le maximum de points, sachant qu'avec une seule boule il était possible de chasser les trois boules en même temps.
LE PALET SUR TERRE : ce jeu est connu depuis le moyen âge ; il s'agissait d'un jeu d'adulte réservé aux hommes. Ce jeu permettait de "tuer la fatigue" après les dures journées de battage. Avant de jouer il fallait confectionner deux tas de terre mouillée (les tachennoù) d'environ 70 cm de diamètre distants de 17 mètres. Les parties se jouent en doublette, triplette ou quadrette (suivant le nombre de personnes présentes). Chaque joueur se place devant ou derriere un des deus tachennoù et doit lancer ses deux ou trois palets au plus près d'une cible métallique (pinoë, mestr, mestr bihan), une fois que tous les joueurs ont joué, il s'uffit de compter les points.
Il semblerait que ce jeu soit un dérivé du lancer du disque gréco-romain. En Bretagne il existe plusieurs variantes : la galoche, les bouloù pok etplusieurs variantes du palet.
LES FEST NOZ
En français cela signifie
"fête de nuit" ; c'était (et c'est encore)
une soirée de danses traditionnelles bretonnes à
laquelle tous les allentours étaient conviés.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Dans l'immédiat
après guerre, et même au début des années
cinquante alors que le renouveau culturel breton battait son plein
- musique, danse, langue bretonne etc. - aucune manifestation
'folklorique' ne faisait encore mention de soirées de ce
genre, qui plus est, le terme de 'fest noz' était inconnu
avant la fin des années 50, dans la plus grande partie
de la Bretagne.
C'est que pour comprendre le sens premier de cette fête
de nuit bretonne, il faut se reporter à son terroir d'origine
et aux circonstances qui en étaient l'occasion dans notre
ancienne tradition populaire.
Le terroir d'origine du 'fest noz' est la Cornouaille intérieure,
plus précisément une partie de cette Cornouaille
intérieure, se limitant dans les années 20 à
une dizaine de cantons dont quatre dans le Finistère, soit
Carhaix, Huelgoat, Châteauneuf-du-Faou, Pleyben.
Deuxième caractéristique du "Fest noz"
d'autrefois : il ne se déroulait jamais en ville, mais
toujours à la campagne, à la ferme même où
elle clôturait les grandes journées de travail en
commun, notamment : an dornadeg (battage du blé), an dennadeg
avalou douar (arrachage des pommes de terre), plus anciennement,
an difontadeg (écobuage), al leur nevez (l'aire neuve ou
réfection de la cour de ferme). Le repas de noces à
la ferme était aussi suivi naturellement d'un "fest
noz".
Troisième caractéristique de cette fête de
nuit paysanne, les danses se faisaient exclusivement au son de
la voix, "gand daou ganer o ren an dans", avec deux
chanteurs conduisant la danse. Comme l'a expliqué fort
justement J.M. Guilcher, auteur de la "Tradition populaire
de danse en Basse Bretagne", chaque chanteur (danseur) démarre
sur les dernières notes de la phrase dite par son camarade
- qu'il double à l'unisson - avant de dire seul la sienne
propre, qui sur la fin appellera le même recouvrement des
voix. C'est la technique du 'Kan ha diskan' ('chant et déchant').
Ce "fest noz" du paysan de l'ancienne tradition était
encore bien vivant à la fin des années 20 et dans
certains endroits, Maël Carhaix, Rostrenen, jusque vers 1935,
pour tomber en désuétude partout à la fin
des années 30.
Après un réveil spontané mais éphémère
dû au repliement des campagnes sur elles mêmes dans
les années 41-42-43, la fête de nuit paysanne n'était
pratiquement plus qu'un souvenir à la fin des années
40. Mais un souvenir bien vivant pour certains jeunes animateurs
tels que P. Huiban, L. Ropars, R. Le Béon, bien décidés
à remettre en honneur le chant et la danse chantée
de leur terroir.
Dès l'été 39, puis surtout dans les premières
années de l'après guerre, le public des fêtes
bretonnes ou fêtes folkloriques apprend à connaître
et à apprécier la dañs tro chantée
en 3 parties présentée sur scène désormais,
et le plus souvent en ville, par le cercle celtique "Mesaerien
Poullaouen" d'abord, puis par d'autres cercles.
Le 26 décembre 1954 marquera une étape décisive
dans le retour aux sources avec l'organisation à Poullaouen
d'une grande journée consacrée pour la première
fois au 'kan ha diskan' avec un concours ouvert à tous
les âges. Cinq autres journées annuelles suivront
à Poullaouen, Spézet, Châteauneuf-du-Faou,
Gourin, où spectacles de danses alternent avec sketches
en breton et audition de 'kanerien diskanerien'. Avant même
la deuxième édition du concours 'kan ha diskan',
le 30 Octobre 1955, nouvelle grande première à Poullaouen,
avec l'organisation pour la première fois d'un 'fest noz'
en salle de danses et non plus à la ferme comme autrefois.
C'est à la fois le retour à la tradition et l'adaptation
aux nouvelles conditions de la vie sociale et économique
(exode rural, développement des communications, etc.).
On y danse au 'kan ha diskan' mais c'est dans la salle de danses
du bourg, réservée jusque là aux bals et
à leurs danses modernes et citadines. D'autre part les
chanteurs, relayés de temps en temps par des couples de
sonneurs chantent sur scène, le plus souvent devant un
micro, et séparés des danseurs.
Ce 'fest noz' nouvelle formule prend son essor définitif
dès 1957, se répand rapidement dans tout son terroir
d'origine, puis s'étend progressivement à tout le
pays bretonnant et même à toute la Bretagne. Cependant
la fête de nuit bretonne évolue progressivement,
surtout à partir des années 70. Le répertoire
de danses, limité au départ à celui du terroir
d'origine, intègre progressivement des danses de toute
la Bretagne, et les nouveaux orchestres tout comme les 'bagadou'
y jouent un rôle de plus en plus important.
L'action entreprise il y a quelques lustres a donc porté
ses fruits. La danse traditionnelle bretonne a retrouvé
avec le 'fest noz' - et la manifestation citadine correspondante
créée à Kemper en 1958, sous le nom de 'bal
breton' - sa destination première de danse collective.